Faut-il débattre avec un complotiste ?

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C’est devenu le nouveau sport national : dès qu’une conversation commence à chauffer sur un plateau télé, quelqu’un dégaine l’argument ultime, la bombe nucléaire verbale, le mot magique :

« Vous êtes complotiste. »
— Fin du débat, merci, au revoir, générique, pub pour des fenêtres en PVC.

À ce stade, inutile d’essayer de répondre. Même si tu voulais simplement dire que la météo de 2024 était un peu bizarre, tu te retrouves soudain classé dans la même catégorie que les gens qui pensent que la Terre est un donut et que Big Pharma cache l’antidote à la gueule de bois.

Bienvenue dans l’ère du débat turbo-bâclé.
Une phrase, une étiquette, et hop : conversation terminée.


Sur les plateaux télé :

Le débat n’est pas mort, il a juste été remplacé par un bouton « Éteindre »

Le fonctionnement est simple :

  1. Tu donnes un avis nuancé.
  2. L’animateur te coupe.
  3. Quelqu’un t’accuse d’être complotiste.
  4. Tu n’as plus la parole.
  5. L’émission se termine sur : « Et maintenant, la météo de Jean-Michel : il va faire chaud parce que… heu… voilà. »

Plus besoin d’arguments, plus besoin d’écouter.
Le mot « complotiste » agit comme un anti-discussion instantané. Un peu comme un spray à poivre… mais pour les idées.


Heureusement, il existe un univers parallèle : Smail

Ici, pas de couperet, pas de buzzword magique, pas de bouton rouge

Sur Smail, quand quelqu’un dit un truc bizarre, loufoque, discutable ou potentiellement cosmique, on ne l’expédie pas hors du plateau.

Non.

On fait un truc de dingue, un truc révolutionnaire, un truc qu’on croyait disparu depuis 2008 :
on discute.

Oui, oui. On parle.
On argumente.
On sourit.
On envoie des smileys. On rage, on s’engueule.
On se répond, même quand on n’est pas d’accord.

Parce que sur Smail, le tchat n’est pas un ring, c’est plutôt un bar à idées, où chacun peut apporter son verre et sa théorie et ce, sans se faire expulser par un vigile du raisonnement.

Et surtout :

  • Pas besoin d’être expert.
  • Pas besoin d’avoir un badge bleu.
  • Pas besoin de citer Aristote en grec ancien.
  • Tu peux juste… échanger.

Alors, faut-il débattre avec un complotiste ?

Réponse officielle : ça dépend où.

  • À la télé : Non. Tu perds avant d’avoir commencé. C’est comme jouer à Mario Kart sans manette.
  • Dans un dîner de famille : Oui, mais seulement si tu n’aimes pas ta soirée.
  • Sur Smail : Absolument. Ici, on peut réfléchir, rire, argumenter, dire « je comprends » ou « je suis pas d’accord », sans finir en trending topic malgré soi.

Parce que débattre, c’est pas un crime.
Et qu’on n’a pas besoin d’appuyer sur un bouton étiquetage express pour éviter les conversations qui dépassent deux phrases.

Au final, le mot complotiste est tellement utilisé à toutes les sauces qu’on ne sait même plus s’il désigne quelqu’un qui doute, quelqu’un qui réfléchit… ou juste quelqu’un qui ne dit pas « oui » assez vite sur un plateau télé.

Le plus drôle ?
Aujourd’hui, “complotiste”, c’est presque devenu un compliment.

Un petit badge officieux pour les esprits libres, les curieux, ceux qui se permettent encore de poser des questions dans un monde où l’on préfère des réponses rapides à des discussions profondes.

Le terme a été tellement rincé, tordu, recyclé, qu’il ne signifie plus grand-chose.
Il a perdu son sens original, il a été dénaturé, puis réutilisé comme un marteau-piqueur rhétorique.

Alors oui :
Si penser par soi-même suffit à se faire traiter de complotiste…
Eh bien tant mieux.
Au moins, ça prouve qu’on pense encore.

Et sur Smail, la pensée libre n’est pas un danger.
C’est même la base du débat.