Le désir féminin est-il égoïste ?

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1. Définir l’égoïsme du désir : pour qui, contre qui ?

Déjà, plantons le décor. On traite le mot égoïste comme une insulte — alors que parfois, c’est juste du self-care libidineux. Aimer, désirer, vouloir quelque chose (ou quelqu’un) pour soi, c’est mal ? Et pourquoi donc ? Parce qu’on a appris, dès le biberon, que le féminin devait être dévoué, discret, doux. Le désir féminin devait être une conséquence : “je te désire parce que tu m’aimes”, jamais un moteur autonome.

Mais l’égoïsme, dans le désir, c’est aussi ce moment délicieux où l’on pense à son propre plaisir avant celui de l’autre, où l’on ose dire non, ou pire, oser dire oui pour les mauvaises raisons — ou les bonnes, mais égoïstes, qui sait ?


2. Quand le désir féminin dérange : héritage historique d’une libido confisquée

Pendant des siècles, la femme n’a pas eu le droit de dire “j’ai envie”.
Elle pouvait dire : “j’accepte”, “je consens”, parfois même “je subis”. Le désir, le vrai, celui qui s’allume dans le ventre et pas dans une brochure de contraception, il était suspect. On l’a mis dans des camisoles sociales : la vierge, la mère, la sainte, la pute.
Mais jamais la femme simplement désirante.

Alors forcément, quand aujourd’hui une femme prend la parole pour revendiquer son appétit charnel, sans excuse, sans justification, sans romantisme de série Netflix… ça titille, ça crispe. On l’accuse alors de penser à elle, comme si le désir devait être philanthrope. Spoiler : le désir n’est pas un don du sang. C’est un courant électrique, pas une bougie d’anniversaire.


3. Le double standard : l’homme conquiert, la femme calcule ?

Quand un homme dit “je la veux”, il est conquérant.
Quand une femme dit “je le veux”, elle est calculatrice ou trop sûre d’elle.
Deux poids, deux pulsions. Pourtant c’est le même feu sous des vêtements différents.

Mais si une femme, au lit ou ailleurs, ose exprimer un besoin physique, elle devient suspecte. Trop directe ? Égoïste. Pas assez tournée vers l’autre. On lui demande d’être le miroir du désir de l’autre, pas son propre foyer incandescent.

Désirer pour soi, selon ses règles, ses horaires, ses fantasmes… ce n’est pas être égoïste, c’est reprendre possession de son corps, de son imaginaire, de sa foutue liberté intérieure.


4. Quand le désir féminin devient réellement égoïste (et tant mieux)

Mais soyons honnêtes. Le désir peut devenir vraiment égoïste. Comme chez tout le monde. Quand il instrumentalise, quand il consomme, quand il ne regarde pas l’autre mais se sert de lui comme d’un distributeur de sensations. Ça arrive. Des deux côtés du lit.
Mais est-ce plus fréquent chez les femmes ? Non.
Est-ce plus mal vu ? Oui.
Parce que les femmes ont le devoir ancestral d’être compatissantes, dans la connexion, dans l’émotion. Donc quand elles osent désirer comme un loup solitaire affamé ? On crie au loup, justement.

Mais ce désir-là — égoïste, assumé, un peu sauvage — il est essentiel.
Il est ce moment rare où la femme se fout du regard extérieur.
Elle ne veut pas plaire, elle veut jouir. De tout.
D’un corps, d’un silence, d’un regard ou d’un quickie contre un mur moisi d’authenticité.


5. Et au fond, pourquoi cette question obsède-t-elle autant ?

Parce qu’elle dévoile une peur collective.
La peur d’un désir féminin qui ne se plie plus, qui ne se négocie pas.
Un désir qui ne se justifie plus.
C’est pas de l’égoïsme, c’est de la puissance.

Et pour toi qui veux en parler, l’explorer, le tester peut-être…
Va faire un tour sur le tchat de Smail.fr. Pas besoin d’excuses là-bas.
Juste des envies, des échanges, des regards en coin, des phrases maladroites, des rencontres qui décoiffent et des désirs en liberté.