cactusdu76

car y a pas de raison

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cactusdu76 (clôturé) il y a 9 ans

Handicap : débat autour des assistants sexuels

La vie sexuelle et affective des personnes en situation de handicap est au coeur du débat. Début décembre 2011, le rapport de Jean-François Chossy évoque notamment la question controversée de l'assistance sexuelle. Pascale Ribes, vice-présidente de l'APF et présidente de l'Association Ch(s)ose, nous éclaire à ce sujet.

Sexe et handicap, un tabou qui ne date pas d'aujourd'hui ! En 2007 déjà, un colloque lui est consacré à Strasbourg, à l'initiative de l'Association des Paralysés de France, l'Association Française contre la myopathie, la Coordination-handicap-Autonomie et Handicap International. L'objectif est d'ouvrir un espace de parole en matière de sexe pour les handicapés. En 2011, l'association CHO(s)E voit le jour. Dotée de la personnalité morale, elle a pour objet de militer en faveur d'un accès effectif à la vie affective et sexuelle en situation de handicap... notamment à travers la création de services d'accompagnants sexuels. Et c'est bien là que le bât blesse

Sexe et handicap : toujours un tabou !

Handicap assistants sexuels La prise en compte de la sexualité des personnes en situation de handicap est devenue cruciale. "La demande s'est précisée. Les personnes handicapées qui osent mettre des mots sur cette souffrance et leurs besoins sont plus nombreuses" signale Pascale Ribes. La présidente de l'Association Ch(s)ose insiste : "Ce sont des êtres sexués à part entière, avec des besoins et des désirs". Quoi de plus normal que de revendiquer son droit à des relations charnelles. Reste que ce n'est pas toujours simple.

Pour les handicapés moteurs, par exemple, encore chez leurs parents ou en institution, le manque d'intimité s'ajoute à une autonomie moindre. C'est inévitable, la sexualité en situation de handicap s'entoure de nombreuses problématiques. Les demandes prennent différentes formes, certaines tournent autour de la difficulté d'accéder à son propre corps.

Une personne handicapée peut aller voir une prostituée, bien sûr. Toutefois s'il (elle) est accompagné(e) par un éducateur ou un parent, ces derniers sont assimilés à des proxénètes aux yeux de la loi. "Certaines personnes en sont arrivées à un véritable déni de leur sexualité" s'alarme Pascale Ribes. Aujourd'hui, le voile se lève sur un tabou majeur. On ne peut plus l'ignorer, il faut se poser la question !

Le recours aux assistants sexuels

La confusion vient du trouble que génère la notion d'assistant sexuel. Aux Pays Bas, depuis une vingtaine d'année, les personnes handicapées peuvent bénéficier d'un accompagnateur érotique et sexuel. C'est également le cas en Allemagne et en Suisse...

Mais alors quelle est sa mission ? "L'assistant sexuel désigne une personne qui prodigue dans le respect une attention sensuelle, érotique ou sexuelle à une personne en situation de handicap" détaille Pascale Ribes. Une mission qui peut aller des caresses, au baiser, à des relations sexuelles... L'assistant peut aussi avoir un rôle de facilitateur. Certains couples handicapés rencontrent de véritables difficultés dans "la pratique" de l'acte. Ils ont besoin d'une tierce personne, pour "se positionner" tout simplement.

Faire évoluer la législation

Les boucliers se lèvent alors sous couvert d'incitation à la prostitution, "Mme Bachelot s'est exprimée à ce sujet sans avoir pris la peine de consulter les associations" relève Pascale Ribes. Les féministes sont contre, sous prétexte que ce serait la porte ouverte à l'atteinte de la dignité des femmes, qui seraient alors sans défense face à un assistant sexuel "mal intentionné". La question se pose : qui sont les assistants sexuels ? "Des hommes et des femmes qui devront suivre une procédure rigoureuse afin d'éviter toute dérive. Ils seront dûment formés et supervisés" répond Pascale Ribes. En Hollande, par exemple, les critères de sélection sont sévères. Les assistants sont en général des hommes et des femmes mariés, qui appliquent une tarification spécifique, mais en aucun cas, ce n'est un emploi à plein temps. Chaque Etat a sa propre législation. "L'idée n'est pas de transposer un modèle, mais de trouver le nôtre" ajoute la Présidente de l'Association.

Aujourd'hui l'élaboration d'un tel service est en cours, reste un obstacle majeur à lever : le code pénal. Pascal Ribes est formelle : "Il faut faire évoluer la législation, et distinguer ce service d'une simple prostitution". Sa conclusion : Refuser d'engager le débat serait nier le droit d'une personne handicapée, la priver d'une partie de sa citoyenneté.
Catherine Maillard
Créé le 08 décembre 2011


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