poussieredecuriosite

Litres et ratures...

il y a 9 ans
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poussieredecuriosite (clôturé) il y a 9 ans

Parce qu'il en faut des litres se sueurs à transpirer sur cette page blanche,

celle où pour seule offrande,
on couche souvent des ratures pour tenter d'embellir sa robe.




Les chemins de traverse :

Des images de cette autre vie, loin, parfois pas si loin, presque proche du tumulte des grandes villes.

Des petites routes, juste à coté de l’autoroute, longeant celle-ci parfois mais tellement différentes par le rythme, par les regards qu’on y croise, par le regard sur l’autre, cet autre qui semble avoir comme suspendu le temps qui passe si vite pour le citadin.

Et ces campagnes, ces p’tits villages, ces gros bourgs, qui offrent au voyageur d’un jour une image, image qui peut être si variée, si colorée ou tellement grise.

Suivant les régions, le terroir, le passé économique, industriel, cette ruralité prend tant d'aspects.

Elle peut offrir le visage rayonnant d’une campagne fleurie, paisible et lumineuse,
des atmosphères qui renvoient à certains souvenirs de premières vacances quand on était allé passer un mois dans une ferme,
c’était l’été, elle était si fraiche, elle sentait si bon, elle s’abandonnait dans la meule de foin, dans l’herbe fraiche à notre étreinte, pas de maquillage chez elle, juste quelques brins de paille dans les cheveux qu’on prenait plaisir à ôter un à un, comme un intermède avant d’oser l’embrasser.

Ces campagnes ou les gens avec ce qui semblent être des petits riens, prennent encore le temps de vivre.
Et puis, ces villages, ces p’tites villes qui offrent ce visage si triste, où les maisons, les routes, les gens, tout est tellement gris.

Gris et triste d’un passé perdu, d’une activité économique s’étant éteinte, même les arbres semblent gris, tristes, comme s’ils voulaient eux aussi participer à l’ambiance, celle où les gens subissent le temps de survivre.

La Nationale 7, par exemple, c’est un peu ça, c’est une sorte de Route 66 chez nous.
Çà vous traverse des terroirs si différents, des endroits encore rayonnants, des endroits devenus presque déserts depuis que l’autoroute l’a désengorgée, la vidée, d’une grande partie de son fluide.

C’est un périple qu'il aime bien faire de temps en temps, elle vous raconterait presque comme un livre, la vie, l’histoire de gens si différents.

Elle vous montre aussi bien l’image de cette jeune femme sous un beau soleil printanier - il ne roule par que le printemps et ne regarde pas que les jeunes femmes, c’est pour forcer l’image - s’en allant encore toute joyeuse et pimpante acheter ses œufs frais à la ferme plus loin et son lait cru et encore tiède, ramené dans ce broc en aluminium ; on croirait presque le sentir, tellement l’imaginaire vous rappelle à certains souvenirs.

Elle vous montre aussi l’image de ce petit bourg accolé entre la route et la montagne ou les maisons si grises n’offrent à leurs habitants comme espace vital que les quelques pauvres pièces aux murs si noirs.
Derrière il n’y a comme horizon que le rocher accolé à la maison et devant, juste séparé par un trottoir défoncé, il y a la route, elle aussi même pas rénovée.
Alors parfois au détour d’une porte ouverte ou d’un rideau timidement tiré, on y aperçoit le regard si triste et si vague d’un de ces habitants oublié de la vie, du temps, des autres qui passent mais ne le voient pas.

Il délaisse presque toujours les autoroutes, aimant toujours prendre les routes, les nationales, les départementales, jusqu’aux communales.
Ça vous raconte tellement d’histoires, ça vous raconte tellement les gens, autrement.

Images si souriantes ou parfois si tristes,
plus ou moins fugitives mais qui peuvent tellement vouloir dire...

Modifié il y a 9 ans, le lundi 19 janvier 2015 à 11:23

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poussieredecuriosite (clôturé) il y a 9 ans

Un matin, la ville :

Multitude des couleurs, des ombres, des lumières, des jours et des contre-jours.
Brume d’une aube naissante qui promène sa caresse de velours sur la peau rêche des murs de béton.

Béton, béton, la ville,
Pleine du souvenir de tous les bruits de la veille,
comme en attente de leur retour.
Encore pleine du souvenir des odeurs restantes, poivrées, musquées, rances ; de toute cette cuisine de la vie si trépidante du jour précédent.

Tumulte des sens à la naissance d’un petit matin.
Brume sur la ville encore endormie,
encore fatiguée de ses frasques de la veille et de la nuit finissante.

Murs qui s’habillent par ci, par là, d’ombres mouvantes.
Ombres glissantes, furtives, des "oiseaux de nuits"
sur le retour d’une escapade nocturne et qui aura tant vu défiler leurs frasques.

Ombres mouvantes, parfois lentes ou saccadées de ceux qui partent au travail ou en reviennent.
Ombres courbées, sur le retour, sous le poids du labeur effectué,
celui de sa fatigue, de sa répétitivité.

Fumées dansantes sur les toits que dégueulent des cheminées parfois poussives.
Fumées naissantes des pots d’échappement, venant jouer de concert avec la brume.

Premiers bruits des rideaux métalliques libérant les devantures de commerces encore endormis.
Premiers cris des enfants allant à l’école, certains, moins bruyants que d’autres, courbés sous le poids de ce cartable si lourd.

Par-dessus la forêt des toits de toiles, d’ardoises, de tôles, de ciment, s’insinuent des rues qui sont comme autant de couloirs au fluide à la vie renaissante.

Rues encore sombres qui s’éclairent des taches, des frises rasantes de la lumière, descendant doucement sur elles.

Poussières des rues, de l’asphalte, qui s’animent, qui se soulèvent au passage des roues, des pieds.
Aube naissante, brume de la ville, lumière diaphane, bruits bourgeonnant, bourdonnant.

Un matin, la Ville...

_


Celle qui ne dort jamais :


Une ville ne dort pas, elle veille.

Elle abrite tellement de gens.

Elle accueille tant d’âmes errantes, si solitaires dans cette multitude.

La nuit, n’est pour elle qu’un maigre refuge.

Quand elle s’y croit libérée des bruits, des cris de cette multitude qui la meuble le jour,
elle est encore sollicitée pour y voir défiler tant d’ombres furtives qui habillent encore ses murs devenus presque silencieux.

Un silence qui n'en sera jamais un.

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poussieredecuriosite (clôturé) il y a 9 ans

Sur la corde à obsolescence de mes désirs,
je trébuche à l’envie sur son déséquilibre,
saisissant au vol un rêve pas toujours sage,
plongeant avec délice vers son abime.



Au diable la rime, d’une poésie délicieusement assassine.
finalités d’un dire ne se voulant pas sage,
s’offrant l’ultime finale de toutes ces différences.

L’arrime à n’importe quel port,
d'un voyage aux buts si différents.

Conscience des terminaisons, à chacune de leur liberté,
qu’une initiale de la geste du verbe ne saurait dans sa finalité,
comme étonnant remerciement, d’une phonétique, emprisonner.


( Melde, la rime malmenée, vexée de tant d’affronts, par une botte par elle dissimulée, d’une triple touche finale, m’a rattrapé. )

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morganna il y a 9 ans

Posée sur les lames d'une pierre de cristal
elle guette les mouvements aux creux des chemins
Mouvements de foule, mouvements de rien
qui naissent de la ville, du monde en son sein.

Couleurs myrifiques des néons qui dansent sous la pluie
et odeurs du pain qui cuit à la naissance du jour
Bruits sans fin des klaxons des roulants gris et noirs
et rires des enfants sur les jeux du désuète square.

Elle connait la ville austère, ses moindres recoins
elle a lu et parcouru des milliers de visages affamés
elle a dansé jusqu'à tard dans les nuits sans lune
elle, qui n'est pourtant qu'une larme sur une plume.


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poussieredecuriosite (clôturé) il y a 9 ans

Citation de "morganna"Posée sur les lames d'une pierre de cristal
elle guette les mouvements aux creux des chemins
Mouvements de foule, mouvements de rien
qui naissent de la ville, du monde en son sein.

Couleurs myrifiques des néons qui dansent sous la pluie
et odeurs du pain qui cuit à la naissance du jour
Bruits sans fin des klaxons des roulants gris et noirs
et rires des enfants sur les jeux du désuète square.

Elle connait la ville austère, ses moindres recoins
elle a lu et parcouru des milliers de visages affamés
elle a dansé jusqu'à tard dans les nuits sans lune
elle, qui n'est pourtant qu'une larme sur une plume.




Je m’aperçois que lorsque j’essaie d’être encore plus sensible,
Je suis infiniment plus spectateur de l’autre,
quand il sublime tellement une chose
aussi petite qu'elle peut en être grande,
une simple goutte, au milieu de la pluie,
ou sur une joue.

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poussieredecuriosite (clôturé) il y a 9 ans

Dans le road movie qu'il tentait de s'inventer par les mots, un moment donné, il jeta le stylo et prit ses clefs.

Tournant le contact, il leva le regard vers ce pare brise qui l'invitait à voir d'autres ailleurs.

Il faisait nuit, il alluma les phares comme pour donner son accord à ce qui allait suivre et il partit au devant d'elle, la nuit, cette amante qui le reposait de tous les bruits du jour.

Il avait ouvert la vitre...

le vent s'était engouffré,
tel, un voyageur impatient de caresser son visage.

Vent, vent,
glissant, tournoyant, ondulant,
comme pour se chercher un recoin,
parmi le décor en miniature,
fait des bosses, des creux de son visage.

Visage,
qu'il avait tourmenté, marqué,
par les plis, les sillons des accidents de la vie.

Visage,
dont le temps et cette chienne de vie,
tels un sculpteur à la sensibilité exacerbée,
avait modelé de son burin,
cette œuvre un peu tourmentée.

Et le vent,
ce vent qui s'amusait de ses caresses aériennes
à le frôler, le fouetter,
le frôler, le caresser, le fouetter encore.

La Musique était là,
elle, depuis plus longtemps que le vent.
Il l'avait mise presque au début.
Elle emplissait l'habitacle,
comme si elle venait d'un peu tous les recoins.

Incantatoire, mélodique, instrumentale ;
musique où rarement, ne venait s'insinuer une voix.

Musique, musique, encore et toujours,
laissant la part belle aux instruments ;
aux sons subtilement égrenés d'un piano,
à ceux aériens et veloutés d'un saxo.phone,
à la suavité d'une contrebasse,
à la luminosité cristalline d'une flûte traversière,
à la douceur et l'émotion d'un violon !

La route défilait devant, toujours.
Infatigable, elle se dépliait
en longues lignes droites,
en courbes plus ou moins sinueuses.

Routes, routes,
qui devenaient pluriel,
qui se multipliaient au fur et à mesure de cette chevauché mécanique sans but ;
sauf, celui de rouler, rouler, rouler !

Rouler dans la Nuit,
glissement furtif ou endiablé sur l'asphalte.

Parfois, il sollicitait la bête mécanique,
comme pour rompre la monotonie qui parfois l'envahissait.

Alors, la voiture, telle une amante docile,
répondait aux sollicitations de son conducteur.
Ces flancs chauds, frôlait l'asphalte,
avec des rugissements mécaniques,
des vapeurs d'huile, d'essence, mélangées ;
des odeurs de pneus, de gomme brulée.

Bruit,
Vent,
Crissement,
Huile,
Chaud,
Odeur,
Brulé,
Bruit,
Vent !

A ce moment, la musique dans l'habitacle s'atténuait ;
le vent s'engouffrait beaucoup plus vite ;
il fouettait vraiment très fort son visage.

Le paysage défilait de façon frénétique,
comme s'il avait voulu se défier au regard.

Les arbres du bord de route,
si tranquilles tout à l'heure,
s'étaient animé en une course échevelée.
Ils défilaient par colonnes,
telle une cavalcade endiablée.

Vent !
Bruits !
Crissements !
Nuit !

Alors, au milieu de ce tumulte des airs, des sons, des bruits, du vent ;
il se souvint du glissement furtif dans la nuit !

Il ralentit sa conduite,
Pour ne plus entendre que le doux chuintement des roues sur la route,
le léger feulement du vent par la vitre,
les quelques sons de cette musique incantatoire qu'il venait de mettre ;
Pour ne plus voir qu'un défilé majestueux et tranquille des arbres,
rythmant le bord de la route .

Route, qui était devenue légèrement sinueuse,
baignée par la lumière de la lune.

Et puis, il se souvint qu'on était un soir de pleine lune ;
il se souvint qu'avec la seule lumière de celle-ci, on pouvait assez bien y voir.

Alors, il coupa les feux de sa voiture ;
et la route fut seule éclairée par la lune.

Il aimait cette sensation d'irréalité,
où au milieu de ce paysage devenu sombre,
seule la route apparaissait comme un grand serpent blanc
posé au milieu de nulle part.

Vent doux sur sa joue,
bruits de la route à peine murmurés,
musique à la douceur lancinante,
paysage à peine immobile,
grand serpent blanc au milieu de nulle part !

Glissement furtif !

Il avançait toujours,

un glissement dans la Nuit...




Modifié il y a 9 ans, le lundi 2 février 2015 à 14:28


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