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A propos de alastriana.scalde

Alastriana , 33 ans , Femme
Etait en ligne il y a plusieurs jours

Apparence physique

Cheveux Noirs
Yeux Verts

Description

Une bruine délicate, saupoudrée par le ciel, tombait. Les gouttelettes chutaient doucement, dégringolant les feuilles vert foncé des fûts épais, se heurtant de temps à autre mortellement aux monstrueuses racines qui épousaient le sol, dur ou tendre, selon l’humeur. Une lumière dorée, apaisante, que diffusait par multiples rais le soleil timide, englobait l’espace, révélant çà et là des essaims de poussière terreuse. Et puis c’était l’eau, long ruban aux pensées transparentes, la Rivière aux idées bleues, aux nénuphars et aux lis blancs, aimée des poissons et des rochers. Immuable.
La brise tiède, que caressaient les barbes de lichen, passait également ses doigts soufflés dans la chevelure d’une personne seule, près de l’écume. De loin, on ne distinguait pas son visage, incliné sur la poitrine comme en prière. Juste un bouillonnement noir, et un son de frou-frou, rehaussé de dentelles.

Sous son saule préféré, Alastriana dormait.

Elle rêvait. C’était la première fois qu’elle rêvait de quelque chose d’agréable. Les commissures de ses lèvres l’enjoignaient à sourire. Et l’Alastriana du rêve sourit aussi, et l’Armeline du rêve sourit aussi, chacune de son côté du miroir, dans l’ancienne chambre avec le petit lit, et la grande psyché qu’elles partageaient. Ça, c’était avant, quand Armeline n’avait pas une dizaine d’années, et qu’elle aimait la fille qu’elle voyait au-delà du verre. Qu’elle la trouvait belle, qu’elle lui parlait, qu’elles chantaient ensemble d’une seule et même voix. Pour Armeline, l’époque était heureuse. Jamais elle n’osa toucher son autre ; quand elle le fit, elles furent perdues toutes deux. A la fois séparées et unies, Jumelles elles devinrent, enchaînées au cœur des songes de la Rivière, et exacerbées de folie et de désespoir. Dans ce monde inversé leurs cheveux blanchirent, leurs yeux pâlirent, et leur haine commune s’intensifia. Sournoisement, ouvertement. Un hiver, puis deux, ce fut leurs liens qui subirent la morsure du froid ; il se cassa finalement et, choisissant pour présent le socle du passé, elles prirent chacune la main de l’autre, et elles se touchèrent véritablement ; non pas pour se battre ou s’arracher une poignée de cheveux incolore et filasse, mais pour exister ensemble, et renaître ensemble.

Le rythme lent de la respiration gonflait paisiblement les bords du corset sombre, aux lacets si serrés qu’il n’y avait aucun pli à la taille qui eut pu desservir les charmes de sa propriétaire. Une bourrasque plus brutale vint heurter les joues comme une vague ; une vague vint heurter une main comme une amoureuse insatisfaite. Les pommettes, parsemées de taches de son, rosirent, et la main blanche blanchit ; les paupières soulevèrent délicatement un voile de cils noirs, qui salua deux lignes de sourcils à l’oblique étrange, en tendre accent circonflexe. La silhouette glissa, d’abord à droite, puis un peu en avant. Quand Alastriana ouvrit les yeux, elle était sur le ventre, comme un poisson, ses longs doigts flattés par l’eau fraîche, sa prunelle vert pâle posée sur le vert des algues des fonds, et ses bras nus recevaient les stries orangés d’une fin de journée banale, arrosée d’une bruine saupoudrée par le ciel. Les pans de ses atours aux reflets mordorés plaquaient ses jambes en même temps qu’ils ravivaient l’éclat humide de sa chevelure, qu’elle avait taillée aléatoirement au niveau de la nuque et du front. Aucune réflexion dans ce geste, d’ailleurs, qu’elle avait mis en œuvre pour couper l’herbe sous le pied de sa sœur, première détentrice de l’idée.
Des racines du saule à la rivière, il n’y avait que le mètre cinquante de la petite Scalde à l’exécrable mais malin caractère, tantôt aguicheur et souvent ronchon. En conséquence, si l’enveloppe physique avait mué, l’esprit en restait farouchement indestructible.
Ainsi allait le cours des choses, au cours de la Rivière. Et lorsque Alastriana se pencha vers la reine de la forêt, pour jeter un œil acide dans ses eaux, elle ne vit que les galets et les gravillons : cela non plus, elle ne pouvait le changer – elle resterait à jamais le reflet d’Armeline.

Une bruine délicate, saupoudrée par ses pensées, perla de la frange de ses cils pour se perdre dans sa nuque.

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