Description
IL ETAIT UNE FOIS
***************
D'anciennes légendes nous racontent qu'un jour
La déesse des songes pleura de bonheur
Une larme glissa de ses yeux de velours
Et fut emportée par des anges-créateurs
Pour en faire un joyau ces faiseurs d'univers
Sculptèrent cette perle ainsi la Lune est née
Et chaque soir s'étend sur la voisine terre
La divine lueur de la grâce beauté
Agenouillé et humble j'ai levé les yeux
Un intense moment d'adoration totale
J'ai prié élevant mon âme vers les cieux
Le monde se révèle à la lumière pâle
De la magie lunaire ma muse adorée
Ma plus fidèle amie ma plus fidèle alliée
Thierry Lorho
=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x=x
LA LUNE BLANCHE
**************
La lune blanche
Luit dans les bois;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...
O bien aimée.
L'étang reflète
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...
Rêvons, c'est l'heure.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...
C'est l'heure exquise.
Paul Verlaine
==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==*==**==*==*==*==*
LES BIENFAITS DE LA LUNE
*********************
La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit: "Cette enfant me plaît."
Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s'étendit sur toi avec la tendresse souple d'une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C'est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis; et elle t'a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l'envie de pleurer.
Cependant, dans l'expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux; et toute cette lumière vivante pensait et disait: "Tu subiras éternellement l'influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j'aime et ce qui m'aime: l'eau, les nuages, le silence et la nuit; la mer immense et verte; l'eau uniforme et multiforme; le lieu où tu ne seras pas; l'amant que tu ne connaîtras pas; les fleurs monstrueuses; les parfums qui font délirer; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d'une voix rauque et douce!
"Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j'ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l'eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu'ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d'une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie."
Et c'est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.
Charles Baudelaire
*****<>*****<>*****<>*****<>*****<>*****<>*****<>*****<>*****<>*****<>